Sortie SBA dans la vallée du Luol, près de « La Valette », 12 septembre 2021

Nous étions très peu au Rendez vous à St julien du Serre, mais finalement, nous avons fait le parcours à 5 personnes.
Nous sommes partis à pied du pont sur le Luol au sud de la Valette pour explorer les rives assez accessible suite à la sécheresse de la fin d’été.
sba 12 septembre

Au départ, le contexte géologique a été évoqué avec surtout des grès du trias sur notre parcours, mais aussi plus à l’est suite à des contacts par faille des dolomies et calcaires. En tout cas, le versant regardant l’est, couvert de pinèdes montre en dessous des callunes et des fougères aigles, indicatrices de l’acidité du sol. Une coupe à la base d’un pétiole permet de rappeler l’origine supposée du nom de « fougère aigle » correspondant à la ressemblance des faisceaux conducteurs avec la figure d’un aigle héraldique.

I- matin vers le Nord jusqu’à la confluence Oise/Boulogne :

Au départ dans une prairie de fauche :
Origanum vulgare L., Daucus carota L., Agrimonia eupatoria L., Circium palustre (L.) Scop., Trifolium pratense L., Mentha spicata L., Cichorium intybus L., Prunella vulgaris L.,

En lisière non fauchée :
Dactylus glomeratus L., Saponaria officinalis L.

Puis dans la forêt riveraine élargie :
Fraxinus angustifolia Vahl, Alnus glutinosa (L.) Gaertn., Populus nigra L., Salix alba L., Acer campestris L., Euonymus europeus L., Quercus pubescens Wild., Quercus ilex L., Ficus carica L., Cornus sanguinea L., Crataegus monogyna Jacq., Ligustrum vulgare L., Hedera helix L., Rubus cf fruticosus, Ruscus aculeatus L.,.

Une jolie balsamine originaire de l’Himmalaya Impatiens balfouri = I. insubrica est bien fleurie parmi les galets des rives du Luol.

rq: en gras, les espèces photographiées.

Au milieu de la rivière, des rochers montrent de belles colonies d’une hépatique à thalle Conocephalum conicum (L.)Dumort.
Elle se présente sous forme de lames vertes portant un réseau en lèger relief, et entourant des pores communiquant avec une chambre aérifère interne. Certains thalles présentent des boursouflures qui donneront les "carpophores" portant les sporophytes, au printemps. Ceux-ci, photographiés en mars sur la photo à gauche, ont un axe pouvant atteindre 10cm et un « chapeau » en forme de cône d’où le nom ou la particularité est mentionnée deux fois.
L'espèce est dioïque . Les thalles males produisent des masses qui contiennent les anthéridies d'ou sortiront des cellules flagellées, les anthérozoïdes. Les thalles femelles produisent des organes en chapeau qui portent, situés sous la face inférieure du chapeau des archégones avec en leur centre des gamètes femelles ou oosphère. C'est jusque la que les anthérozoides doivent nager grace à un film d'eau et réaliser la fécondation. Cela va permettre la formation de spores sous les "carpophores" (Ce mot est plus connu pour les champignons , mais utilisé aussi dans un sens différent par les hépaticologues!).
Cette espèce anciennement décrite recouvre en fait 2 espèces très proches morphologiquement et longtemp confondues. On les dit "cryptiques": Conocephalum conicum et C. salebrosum . Les pores bien visibles orientent vers C. conicum

Dans le lit de la rivière, les touffes de Cinclidotus fontinaloides (Hedw.) P.Beauv., normalement immergées sont à l’air libre du fait du niveau exceptionnellement bas.

Les rochers de coté portent une mousse à port dendroide : Thamnobryum alopecurum (Hedw.) Gangulee

Des rochers suintants à coté de la vasque sous la cascade ou Patrick a vu l’envol d’un cincle plongeur, portent une belle colonie d’un lichen normalement vert à l’état humide :
Dermatocarpon luridum (With.)J.R Laudon. Il est sec et couleur cuir lors de la sortie !

Les dalles sont couvertes de Sedum album L.. Il y a quelques pieds fleuris de Dianthus armeria L.. Avec Polypodium vulgare L.. Asplenium trichomanes L., Asplenium adiantum nigrum L.

Bryophytes au niveau de la cascade:
Hypnum cupressiforme Hedw., Frullania tamarisci (L.)Dumort., Porella arboris vitae (With.) Grolle, Lophocolea bidentata (L.) Dumort. sur bloc humide, base de rochers plus haut avec Anomodon viticulosus (Hedw.) Hook. & Taylor
Ecorce de buis morts avec Frullania tamarisci (L.)Dumort., Metzgeria furcata (L.)Dumort.

Autres phanérogames:
Plus loin, sous le couvert de la forèt alluviale, Lunaria annua L. monnaie du pape, Salvia glutinosa L., Circea lutetiana L.,

1 pied de cypèracée Scirpoides holoschoenus (L.) Sojak, Persicaria hydropiper (L.) Spach, Mentha spicata L.

A la base de rochers suintant en rive droite, une belle zone à Chrysosplenium oppositifolium L. dorine à feuille opposée ,

au dessus, Solanum dulcamara L. en fruit tombe comme une liane des strates de grès,
Arum maculatum L. est en fruits.
Non loin, Polystichum setiferum (Forskal) Woymar.

Au mème endroit, Plagiomnium undulatum (Hedw.) T.J.Kop sur terre accompagne Conocephalum conicum sur rochers

Nous nous sommes arrêtés à la confluence de l’Oise et de la Boulogne formant le Luol.

Nous y notons Carex pendula Huds., Athyrium filix femina (L.) Roth. et Equisetum arvense L.

II- après midi vers le sud jusqu’à la pâture du moulin

Nous débutons en rive gauche dans une prairie de fauche avec une zone rudéralisée :

Abutilon theophrasti Medik, Urtica dioica L., Malva sylvestris L. , Amaranthus sp., Datura stramonium L., Agrimonia eupatoria L., Cichorium intybus L., Setaria sp.,
Origanum vulgare L., Verbena officinalis L., Ambroisia artemisifolia L.,
Plantago major L., et Plantago lanceolata L., Dipsacus fullonum L. (=D.sylvestris)

Colchicum automnale L. est en fleurs et signale la fin de l’été !

Lors de la traversée du Luol, nous ré-observons Cinclidotus fontinaloides (Hedw.) P.Beauv.

La pâture/prairie de fauche n’est qu’effleurée avec quelques pied à port court du fait de la fauche de Dianthus armeria L., Trifolium pratense L., Clinopodium nepeta (L.)Kuntze...

Nous effectuons le retour en rive droite, le long du canal du moulin.

Les rochers portent Ctenidum molluscum (Hedw.) Mitt.

Sur l'écorce des arbres :
Neckera complanata (Hedw.) Hubner, Neckera crispa Hedw., Apometzgeria pubescens (L.)Dum., Radula complanata (L.)Dumort., Orthotrichum affine Brid.
Leptodon smithii F. Weber & D. Mohr, à l’état sec est bien reconnaissable à son port en crosse, dit « circiné ».

Il y a toujours de belles colonies de Conocephalum conicum (L.)Dumort. sur des rochers en milieu du cours d’eau , en particulier aussi sur les rochers suintants verticaux en fin de parcours, au niveau d’une source.

D’autres grosses hépatiques à thalle sont plus rares et moins développées entre les blocs du lit majeur. Elles sont reconnaissables à leurs corbeilles à propagules : Marchantia polymorpha L. et Lunularia cruciata (L.) Lindb.


Le zygène de la filipendule et le zygène de la petite coronille ont été observés se reposant sur les fleurs des prairies de fauche.

Cette rivière à débit variable héberge aussi une faune nombreuse avec de nombreux alevins et petits individus vus dans les vasques.
Des libellules patrouillent : Calopteryx virgo, Onychogomphus uncatus, Cordulegaster annulatus, Sympetrum sp. et Aeschna sp.
Nous avons récolté une exuvie de Aeschna mixta

Parmi l’avifaune, outre un cincle, nous avons croisé des canards colverts sur des plans d’eau et à plusieurs reprise, un héron cendré.

Lors d’une reconnaissance au printemps, qui a suivi de fortes pluies avec un débit extrême, nous avons observé avec Annie Allix un cadavre de castor. Cette espèce doit être au moins de passage dans le lit supérieur (pas de signe de nourrissage récent dans la zone parcourue).

Les grès humides pourraient être favorables à Spiranthes aestivalis qui seraient à rechercher avec une randonnée aquatique plus haut sur l’Oise et la Boulogne à la mi juillet lors de la floraison…

Daniel NARDIN