Cette sortie correspond à
une prospection sur une maille kilomètrique dans le cadre
d'un accord de la société botanique de l'Ardèche
avec le
conservatoire national botanique du massif central pour
complèter sa base de
donnée. Elle a réuni une douzaine de membres de la SBA, entre 10h et 17h. |
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Cet extrait de la carte géologique Bourg Saint Andéol au 1/50 000e explique la présence de cette mare dans cette région plutot sèche de garrigues et montre que nous avons prospecté sur 2 types de terrains en sous sol : - le matin ( trajet vert foncé) un "ensemble de marnes et sables argileux rouges à niveaux de calcaire noduleux" attribués à l' éocène inférieur selon la notice de la feuille (e1-4 en orangé). Au lieu dit "le Lac", cette série est discordante sur le crétacé. Le caractère imperméable des marnes se traduit par la présence de cette mare d'une cinquantaine de m2 et d'une 2e de 2 ou 3 m2. Ces points d'eau sont entourés de prairies plus ou moins hygrophiles. Mais le niveau calcaire de cet ensemble, souligné par des tas d'épierrement, redonne une végétation de garrigue à l'intérieur de la série. A noter, la mème série affleure un peu plus complète à l'ouest de Labastide de Virac ou nous avons vu sur les mèmes marnes, une autre année en sortie SBA une flore de prairie humide proche avec en particulier Serapias vomeracea. - et l'après midi (trajet vert clair) les calcaires du Barrémien / Urgonien (n5a en vert olive), (par endroit avec des petits recouvrements discordants de calcaires lacustres du Ludien ((e7)g1a2), mais sans que cela affecte semble t il la végétation) |
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Cette mare renferme surtout des pieds immergés de renoncule aquatique avec des feuilles en pinceaux, Ranunculus trichophyllus, mais la mème espèce est fleurie aussi sous sa forme terrestre à feuilles découpées rigides sur la rive. Autre végétation aquatique: L'ancien potamot Groenlandia densa et des Chara dont quelques un ont été prélevés et identifiés à l'aide de la clef du "guide des Characées de France méditerranéenne" publié par l'ONCFS. Egalement sur les rives, Ranunculus sardous, ... |
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Les charophytes sont des végétaux placés autrefois parmi les algues, mais qui forment actuellement un embranchement distinct qui se place à la base des plantes terrestres. La majorité des espèces vivent dans les eaux douces. Leurs thalles s'ancrent par des rhizoïdes dans les fonds vaseux. la structure est formée d'articles séparés par des verticiles d'expansions latérales (axe principal du centre en bas de l'image et tournant vers la droite; verticille de 6 "rameaux" ). La taille est en général de 10 à 20 cm. (le champ photographié en éclairage fond noir est le plus faible de mon stéréomicroscope. Il est de 18x12mm ) Les organes oranges sont des anthéridies ( organes males ou se forment des anthérozoides biflagellés) L'architecture des individus observés correspond à l'espèce Chara vulgaris L. |
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Les prairies sur ces marnes sont intéressantes entre autres par la population d'orchidées qu'elles portent. A noter en particulier une très belle population de Serapias vomeraca Sur le cliché ci contre, 4 pieds alignés suggèrent un mode de multiplication végétative à partir des tubercules. En effet dans le livre de Landwehr, "les orchidées sauvages de France et d'Europe", il est mentionné pour le genre Serapias, la formation de nouveaux tubercules au bout de fins stolons ( alors que pour les genres Orchis ou Ophrys, la littérature mentionne juste de nouveaux tubercules sessiles et au nombre de 2 à un instant donné, avec un aspect de testicules, à l'origine du nom de la famille des Orchidées. ) |
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Autres orchidées observées: Himantoglossum hircinum est encore en bouton et Anacamptis pyramidalis est en début de floraison. 2 autres espèces d'orchidées présentes qui sont elles bien fleuries, appartiennent au genre Ophrys, plus spectaculaire par ses fleurs peu nombreuses sur la tige, mais de grande taille et célèbre pour le phénomène de coévolution de ses espèces avec des insectes d'ou les noms vernaculaires dans le genre. L'ophrys abeille, Ophrys apifera est le plus présent. C'est une espèce dont la morphologie florale est assez stable et donc facilement reconnaissable. Il a la particularité, rare parmi les orchidées de s'autopolliniser. |
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D'autres espèces du genre comme l'Ophrys bourdon sont très variables en forme et couleurs des sépales et du
labelle à l'intérieur et entre les populations. De plus, en Ardèche en
particulier, les proportions de formes de labelle varient selon le lieu
visité. Après des découpages de ces orchidées sur une base morphologique donnant naissances à de très nombreuses "espèces", ou sous espèces géographiques selon les auteurs, ces dernières années, une tendance actuelle avec les études génétiques est de regrouper les populations au sein de "super" espèces . Voir par exemple l'article intitulé "vers une clarification de la classification interne du genre Ophrys?" dans le numéro de juin 2018 de la revue "l'orchidophile". Cet article évoque en particulier le complexe O.fuciflora/ O. scolopax dont les abondances respectives forment un gradient sud nord au niveau de l'Ardèche. Les formes fucifloroïdes deviennent de plus en plus abondantes en allant vers le nord. Mais les formes vues au niveau d'Orgnac en limite sud du département, à proximité du Gard sont toutes morphologiquement intégrables à Ophrys scolopax (photo ci dessus) |
L'après midi, sur calcaire,
nous avons surtout observé dans une zone défrichée
de garrigue (projet ou ancien verger?, ou travaux en vue de l'installation de vignoble? ), qui abrite en particulier le pastel Isatis tinctoria (avec la punaise des choux et autres crucifères Eurydema ornatum ), et des espèces messicoles comme Legousia hybrida Plusieurs espèces ont attiré notre attention comme sur la photo, un gaillet proche du gaillet grateron, mais à fruits sur des pédoncules recourbés: Gallium tricornutum |
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Une espèce peu courante, mais bien repèrable et abondante dans la zone défrichée Valerianella echinata |
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En fin de parcours, en bord du chemin
goudroné, nous avons pu observer une station d'une
ombellifère peu spectaculaire par ses fleurs et sa taille d'une cinquantaine de cm. Elle
nécessite le recours à la flore pour la reconnaitre si
on n'est pas familiarisé à sa présence: Bunium
bulbocastanum Cette espèce se caractérise en particulier par la présence d'un tubercule comestible sur ses racines. Nous avons vérifié la présence de ce caractère et nous avons mème gouté une petite part, 1cm3 du bulbe épluché puis partagé en 7! Verdict: la saveur n'est pas désagréable, mais elle présente peu de caractères spécifiques, est presque insipide. |
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