Par une superbe journée d'automne, ensoleillée mais fraiche, nous étions une vingtaine au RDV de 9 heures 30 à Coux.
Le guide, Georges NAUD, nous a d'abord fait découvrir dans le paysage la faille de la Voulte depuis un point de vue en aval de Saint Julien en Saint Alban.

Cet accident important peut être rattaché à la faille des Cévennes qui est  située plus au sud, mais qui est raccordée aussi à un accident parallèle plus au Nord (vers le Cheylard).
Il apparait relativement bien dans le paysage. Il correspond en particulier à un changement de végétation entre des terrains couverts de forêts (socle) et des terrains cultivés (géologiquement plus récents).

Cet accident majeur met en contact au nord de la vallée de l'Ouvèze des terrains du socle métamorphique et magmatique  avec des terrains du jurassique bien plus récents. A priori, la vallée de l'Ouvèze a été guidée par cet accident, mais elle s'en décale nettement vers son embouchure en formant des gorges dans les calcaires, plus enfoncées qu'un secteur en plateau recouvert d'alluvions propices aux cultures, entre la faille et le lit de la rivière. Peut être orienté par l'inclinaison des couches géologiques, le lit de l'Ouvèze s'est décalé du nord au sud au cours du temps et a pu s'enfoncer sur place au cours des dernières périodes.

Ensuite, en remontant la vallée, nous avons, à 4 reprises, pu constater les effets de cette faille sur les roches à l'affleurement, le matin vers les hameaux de  Champeyrache (2), puis de Blacher/Guillaume (3)... La portion de parcours sur la carte 1/50000e de Crest permet de constater comment les cartographes ont résolu le problème de la représentation de secteurs complexes ou des écailles (ou "poissons") de terrains disloqués sont pincés entre les 2 cotés des terrains non affectés par la faille.

A midi, nous sommes au niveau des vignobles du chateau de Cheylus, au dessus de Flaviac.
Dans le paysage, d'autres failles apparaissent d'orientation nord/sud et qui entrainent un décalage de barres rocheuses en rive sud de l'Ouvèze.

Après le pique nique devant le chateau de Cheylus, au dessus de Flaviac, le propriétaire, Gerben TONKENS, nous a fait  découvrir en début d'après midi quelques productions  des différents terrroirs de ce domaine viticole, le principal parmi les 4 derniers en activité de la vallée de l'Ouvèze, avec une partie classée en "côtes du Rhône". Nous avons retenu un très bon Syrrah dans cette catégorie et avec également des blancs de cèpages vionnier et chardonnay.

Nous finissons le programme avec 2 petites marches, au dessus de Leouze (4), puis de Chamée (5), qui vont nous permettre de constater à nouveau  les effets de cette faille à l'affleurement. Dans la dernière observation, les calcaires hettangiens montrent des fossiles assez nombreux: gastéropodes, bélemnites, bivalves et brachiopodes...

Les déformations des séries rocheuses au contact de cette faille sont spectaculaires. Elles font prendre conscience de la violence des séismes qui les ont engendrées. 
Il faut aussi vraisemblablement toute une série de séismes décalant les roches de dizaines de mètres pour obtenir le rejet actuel de plusieurs centaines de mètres...

Cette faille est datée sur le terrain entre les plus récents terrains affectés et les plus anciens terrains non touchés, donc entre la fin de l'ére secondaire et les terrasses alluviales quaternaires. 
Avec le cadre élargi de l'histoire géologique de la région, son mouvement est daté principalement entre  les orogenèses pyrénéenne et alpine.

Luc Vincent  nous a montré une carte des épicentres de séismes récents obtenue à partir des informations  disponibles sur internet et qu'il a mises en forme ( voir sa page  ) Des alignements y apparaissent qui pourraient correspondre à la faille de la Voulte et à la faille plus récente (à l'échelle géologique!) qui passe à l'ouest d'Alissas. Mais mème sans faire correspondre les SIG, des décalages apparaissent et surtout les magnitudes de ces séismes sont très faibles (1.1 à 2 en bleu et 2.1 à 3 en vert) Alors, existe t il un risque que ces failles se réactivent sérieusement à notre époque?

D.N.