Test de l'objectif Laowa ultra macro 25mm F2,8 ultra macro 2,5x-5,0x



Le fabriquant chinois Venuslens nous propose sous la marque Laowa des produits originaux depuis 2013. Après un 60mm macro montant au rapport 2x, puis un 15mm donnant une image ultra grand angle au rapport 1x, il nous a proposé en mars 2018 un 25mm ultra macro F2,8.
Voici un lien vers une page nikon passion datant de cette annonce.
Cet objectif était attendu depuis son annonce. En effet , il donne accès aux nikonistes à une gamme de grandissements juste accessibles jusqu'à présent aux canonistes avec l'objectif MPE65.1-5x
Il est vendu avec 4 montures possibles, Canon EF, Nikon F, Pentax K ou Sony 

Aussi, comme amateur de macrophotographie, bien que j'ai attendu de toucher et de voir l'objectif plutot que de faire une commande à prix de lancement de 400$ + frais d'envoi en début 2018, je n'ai pu résister à faire l'achat en monture Nikon lorsque je l'ai vu au prix officiel en magasin de 499€ dans la boutique Carré couleur de Lyon en aout 2018 ou ils avaient reçu 2 exemplaires en montures respectivement Nikon et Sony.

I- Les premiers constats à la prise en main
L'emballage est soigné.
La contruction est métallique. Elle inspire confiance. Malgré sa petite taille, l'objectif fait 400gr.
La formule optique qui apparait en schéma sur la boite, est de 8 lentilles en 6 groupes

C'est un objectif très rustique sans aucune électronique. Il va donc être utilisable de la mème façon sur de nombreux boitiers avec des bagues d'adaptation (Olympus µ4/3 par exemple ).
Il comporte juste 2 bagues: diaphragme et grandissement.
La bague de diaphragme manuel est crantée de 2,8 à 16
Si toute la plage des ouvertures est accessible, à la différence  du Canon MPE65 monté sur une bague d'adaptation sans contacts, il faut être conscient lors de l'achat que la visée ne peut se faire qu'à ouverture réelle, donc avec une visée assez somble avec un viseur optique reflex  si on diaphragme.

La  bague de grandissement va en continu de 2,5x à 5x avec une ligne repère continue. Il n'y a pas de mise au point. Celle ci  se fait en approchant ou éloignant l'ensemble objectif + appareil du sujet.  Le mouvement est assez dur pour qu'il n'y ait pas de dérèglements intempestifs.
Ces valeurs correspondent à un champ de 14,4mm à 7,2mm pour un capteur 24x36 ( de 7,2 à 3,6mm sur un capteur µ4x3 ). C'est de la vraie macro!

Il est livré avec 2 bouchons: avant et arrière. A l'avant il n'y a pas une monture filetée pour filtres, mais une baionnette porte accessoires.

Un petit livret donne des tables de profondeur de champ en mm , quelques spécifications comme le nombre de 8 lamelles pour le diaphragme.
Il nous indique l'existance de 2 accessoires: optionnels: un anneau d'éclairage à LEds et un collier de pied à monture Arca.

La distance de travail est de 40 à 45mm. Cela permet un éclairage pas trop difficile.

Le diamètre est relativement faible à l'avant et cela facilite le positionnement de l'objectif par rapport à une optique plus encombrante comme le MPE65.

Pour se rendre compte des caractéristiques de cet objectif, il y a sur les pages d'autres internautes dont j'ai cité les  lien ci dessous, des images de cet objectif hors utilisation, avec mème pour certaines, des comparaisons de taille et d'aspect avec le Canon MPE65 ou  l'animation de l'extension avec la variation de grandissement.

Pour donner une idée des proportions et des conditions d'utilisation,
voici lors d'un de mes tests, l'objectif monté sur un Nikon D800, à distance de travail grace à un rail de mise au point, pour un passage de fourmis  Crematogaster scutellaris   au niveau du rebord des carreaux de la terrasse. (cf ci dessous )
test Laowa 25mm


II- les premiers essais et images
A- à main levée
Un tel objectif ne peut être que difficilement utilisé sur des sujets mobiles à de tels grandissements.
Néanmoins, on peut travailler à main levée en se calant bien. Dans le magasin déja, sur un Nikon D810, j'ai pu constater la finesse des détails qui apparaissaient dans la zone de netteté en jouant de la loupe de l'écran d'affichage.
Voici comme exemple de travail à main levée,  une fourmi sur mon capot de voiture à 3x (première photo réalisée! )
fourmi 3x
La profondeur de champ est très faible à pleine ouverture f2,8. Si on diaphragme, la visée devient vite  vite difficile.mais j'ai pu travailler à 16 encore à main levée sur ces cochenilles qui s'en prennent aux plantations de chaillotes de mon frère à 3x (champ de 12mm)
cochenilles
Autres  essais avec une mouche coopérative posée sur le crépi de la maison:
mouche 2,5x
La mème à un plus fort grossissement et un recadrage de l'oeil droit à l'échelle 1 (1 photosite pour un pixel affiché à l'écran), toujours à main levée
mouche 5x recadrage 100%
Cet objectif est maniable avec son faible encombrement et poids, mais néanmoins, pour être réactif, il faut de la lumière et trouver un compromis profondeur de champ/ clarté de visée.

B- pied et flash
J'ai poursuivi les essais de retour chez moi sur une file de fourmis sur ma terrasse (Crematogaster scutellaris vraisemblablement). Elles étaient en général en déplacement rapide et au dela de 3x , la prise de vue à main levée n'est plus guère possible.
Je me suis mis sur pied avec une mise au point prérèglée sur un secteur repèré ou passaient les fourmis. Pour pouvoir diaphragmer tout en minimisant les risques de bougé, j'ai utilisé le  flash intègré de mon D800.
voici des résultats:
f8
3,5x F8 ; il faut de la chance pour bien placer la profondeur de champ faible
3,5x F16
3,5x F16 ; plus de profondeur de champ, mais moins de piqué
Je suis monté à 5x. A noter, il faut que le pied soit équipé d'un rail de mise au point car la longueur de l'objectif augmentant avec le grandissement, j'ai du refaire le point prérèglé.
Crematogaster 5x
A 5x, le règlage du point est encore plus difficile et le diaphragme en position F16 entraine déja de la diffraction notable.

J'ai poursuivi avec le mème test  sur mon Olympus EM5 mkII. Le format de capteur réduisant par 2 le champ, je me suis contenté de 2,5x (f:16 flash )
La visée électronique facilite le cadrage lorsque l'objectif est diaphragmé.
Mais malgré cette aide importante, sur un champ de 7mm, il est impossible de suivre des animaux véloces comme des fourmis.
Mème les passages après précadrage sur pied ont été difficiles à faire avec beaucoup de déchets à tète ou abdomen coupés car mème en anticipant le retard au déclenchement, les vitesses des différents individus ne sont pas les mèmes non plus!
Crematogaster
A taille écran égale, les images de l'olympus µ4/3 sont plus flatteuses . C'est à relier à une profondeur de champ plus élevée car le grandissement sur capteur est 2 fois plus faible.

Sur pied, l'avantage de la compacité est moindre que à main levée, mais il reste. La monture Nikon permet un usage  sur plusieurs hybrides comme les µ4/3 avec un bon rendu sur petit capteur et une possibilité de champ couvert encore plus petit.

C- Zédification (=focus stacking) sur sujets non mobiles
Sur les sujets immobiles, pour augmenter la profondeur de champ tout en conservant le piqué optimal de la pleine ouverture, le mieux est de faire de la zédification (focus stacking).
Actuellement, cet objectif sera souvent utilisé ainsi pour augmenter la profondeur de champ en forte macro...
La difficulté est, pour des animaux comme ces ces fourmis de les rendre immobiles le temps du focus bracketing! Malgré un long passage au réfrigérateur, il y avait encore des mouvements d'antennes lors de la prise de vue des images. Il est difficille d'évaluer l'objectif dans ces conditions puisque le post traitement compte pour beaucoup .  
Voici toutefois un exemple  d'image retouchée pour éviter les doubles images de mouvements parasites et avec la lumière des flashs plus diffusée  .
(f::2,8, 25 images, pas de 0,1mm, zédifiées avec Helicon focus, G de 2,5x sur capteur olympus µ4/3, donc champ de 7,2mm )
Crematogaster 2,5x sur capteur µ4/3
Voici pour terminer un test sur une aile de papillon en collection
(2,5x sur capteur olympus µ4/3, donc champ de 7,2mm , 33 images, pas de 0,1mm )
Laowa 2,5x

avec un recadrage à l'échelle 1 de l'angle inférieur gauche de l'image précédante...
Laowa recadrage échelle 1
Les résultats restent bons. Mème dans ces usages de mini studio surtout, la compacité est un avantage.

III comparatif rapide, mes conclusions
L'usage est très spécialisé, pour des petits champs de 14 à 7mm (3,6mm en format µ4/3 ) , mais il y a peu de concurrents actuels dans ce domaine de la forte macro  (Il y avait autrefois les anciennes optiques macro au filetage des objectifs de miccroscope style luminar Zeiss ou macro Nikkor pour chambre multiphot).
Il y en a  2 à ma connaissance actuellement: un Mitakon 20mm, un peu plus ouvert à f:2, mais semble t il moins performant (plage de grandissement, diaphragme à seulement 3 lamelles...), 2 fois moins cher cependant  et le Canon MPE65 plus encombrant, 2 fois plus cher et réservé pour un usage facile aux canonistes.

Mitakon 20mm "super macro lens"
f:2 à f:16
Laowa 25mm "Ultra macro"
f:2,8 à f:16
Canon MP-E 65mm "macro photo"
f:2,8 à f:16

4x à 4,5x
diaphragme 3 lamelles
visée à ouverture réelle
distance de travail 20mm

montures Canon, Nikon Pentax Sony, µ4/3

230gr, compact avec petite frontale
longueur 60mm
250€

2,5x à 5x
diaphragme à 8 lamelles
visée à ouverture réelle
distance de travail 40mm à 5x

montures Nikon , Canon, Pentax, sony
+ hybrides avec bagues µ4/3, ...
400gr, compact
longueur 82 à 137mm
500€

1x à 5x
diaphragme à 6 lamelles
visée à pleine ouverture sur canon
distance de travail 41mm à 5x
(mais diamètre lentille frontale supérieur pénalise l'éclairage )
monture Canon EF seulement
(hybrides avec bagues, mais perte d'automatismes)
710g, encombrant
longueur 98 à 228mm
1000€

Un montage à base d'objectif de microscope de bonne facture 4x (en 160 sur soufflet, ou à l'infini sur lentille de tube),  sera plus performant sur les sujets statiques, mais avec la grande ouverture, impose la zédification.
De mème, les anciennes optiques macro pour souflet de focale autour de 40mm sont toujours utilsables (avec soufflet ou bague hélicoidale) et sont compétitives en qualité, et elles permettent avec la variation d'extension du soufflet une plus grande plage de grandissement.
Mais ces montages sur soufflet sont plus encombrants que cet objectif Laowa compact et ils sont presque aussi couteux sur le marché de l'occasion que cet objectif du fait de la réputation chez les collectionneurs de ces optiques Leitz, Zeiss ou Nikon.... 
Et surtout, cet objectif avec diaphragme permet d'envisager des forts rapports sur le terrain avec une prise en main plus confortable.

Si on compare au concurrent immédiat dans ce domaine, le MPE65 Canon, on peut regretter la plage de grandissements plus faible que celle du MPE65. Il n'y a mème pas de continuité avec le 60mm de la firme qui s'arrète à 2x.
Mais cette lacune dans les rapports de reproduction n'est pas trop gènante. En fait, on peut imaginer un usage surtout aux 2 extrémités de la plage de grandissement 2,5x et 5x, qui complètent le 1x maxi d'un objectif macro standart..
L'encombrement est bien plus faible que celui du MPE65  et le prix est de moitié.
Les tests comparatifs indiqués en sitographie sont en faveur de cet objectif Laowa pour le piqué à 5x par rapport au Canon MPE65, cela de la pleine ouverture jusqu'à  f5,6 ou les résultats s'égalisent, mais ou la diffraction commence à jouer.

C'est un très bon outil qui concurrence le MPE65 Canon et qui permet aux nikonistes de travailler jusqu'à 5x sans faire appel à des montages plus complexes d'optiques de microscope sur soufflet.
Donc à mon avis, les nikonistes amateurs de forte macro ne doivent pas se priver de l'achat de cet objectif!!!


Complément: Sitographie
Plusieurs test ont été présentés avec des objectifs vendus en Asie dès le début 2018 ou par des testeurs contactés par la firme:
Test Marc Alnadeff du 15 juillet 2018
Test Paul Harcout Davies du 1 mars 2018
Test Keith Cooper (Northlight images) du 2 mars 2018
Test comparatif avec Canon MP-E65 www.nickybay.com (Singapour) 15 mars 2018
Test et comparatif avec Canon MP-E65 de John Hallmen
Bon test MTF

Daniel NARDIN
26 Aout-5 septembre 2018