​Test de l'écran Acer SpatialLabs 16" autostéréoscopique;
(+ comparaison des moyens actuels d'affichage numérique )

J’ai été tellement convaincu par la la démonstration de cet écran autostéréoscopique lors de la première rencontre du groupe sud est du Stéréo Club Français à Romans par Pierrick Ribo (voir son article dans la lettre du SCF , n°1082 de mai 2025) que je l’ai recherché en occasion fin avril. Il est sorti semble t il en 2022 à un prix conseillé de 1500€ neuf . Mais j’en ai vu début 2025 sur différents sites pour un prix allant de 350 à 600€. Il semble que plusieurs acheteurs tentés par une promotion Acer l’an passé revendent maintenant . Je me suis décidé pour une vente à 500€ chez un vendeur chez qui je pouvais me déplacer. J’ai été convaincu par la démo du vendeur et j’ai acheté son exemplaire en état neuf dans son carton d’origine.

L’installation du logiciel par le vendeur sur l'ordinateur que j'avais prévu de dédier s’est bloquée lorsque il y a eu besoin de mise à jour de Windows. Heureusement, j’ai pu reprendre et terminer de retour chez moi. Mais cet ordinateur était en dessous des spécifications recommandées par Acer. Le processeur était bien I7, mais la carte Nvidia GFX (2012) et non RTX (2019) comme proposé . L’écran est donc, semble t il, compatible au moins partiellement avec des ordinateurs plus vieux. Mais l'affichage stéréoscopique ne fonctionnait pas bien.

Il faut retenir qu'effectivement, pour bénéficier du mode autostéréoscopique de cet écran, il faut un système Windows puissant: processeur i7 et carte graphique Nvidia RTX 3070 au minimum selon le constructeur. J'ai du m'acheter un nouvel ordinateur en i7 et RTX4060 pour 1000€ et pour cela, céder aux sirènes des promotions d'une grande chaîne de ventes audiovisuelles! (Cela m'a permis de découvrir et passer à Windows 11 à cette occasion).

Le 6 mai 2025, j'ai reçu le nouvel ordinateur. J'ai du passer 3 heures en téléchargements et installations diverses pour y installer la suite logicielle de l'écran Acer Spatiallabs.

Mais cela fonctionne bien cette fois. Les applications utilisables en affichage autostéréoscopique sont d'abord les 2 principales d'Acer (parmi 5):

A- L'affichage de modèles 3D est parfait avec les modèles préchargés, ou avec des modèles construits personnellement avec le logiciel de modélisation 3D "Freecad" avec l'extension .stl

Par défaut, les modèles sont en jaillissement partiel. La souris permet de déplacer les modèles en rotation, translation ou zoom. Outre cela, j'ai noté que le système permet de voir apparaître en déplaçant la tète des détails à droite et à gauche (et mème en dessous ou en dessus) des modèles! Le suivi des yeux associé à des calculs à partir des modèles permet un fonctionnement multiscopique.

Test Acer 16p

Affichage d'un modèle 3D issu de freecad. Le jaillissement et la possibilité en déplaçant la tète de voir de nouveaux détails sont spectaculaires


B- L'affichage direct de vues en relief stéréoscopiques (.jpg cote à cote) et de films stéréoscopiques (.mp4 cote à cote) par l'application Acer se fait bien, pourvu qu'elles soient en cote à cote anamorphosé. On a alors un bon écran autostéréoscopique très défini.

Test Acer 146p, afficheur 3D

affichage d'un couple stéréoscopique issu d'une prise de vue. L'effet est très bon, mais, malgré le suivi des pupilles, il ne faut pas bouger la tète trop vite et il n'y a qu'une perspective double disponible


C- Ensuite l'application "Spatial labs go" permet l'affichage 3D avec des logiciels quelconques, pourvu que ce soit en mode plein écran cote à cote anamorphosé

a) par exemple "stéréo photo maker" permet d'afficher ses images en mode autostéréoscopique après avoir paramétré la sortie en cote à cote anamorphosé. Cela permet un affichage direct d'images . MPO

b) "bino" ou "stereoscopic player" permettent aussi d'afficher des films 3D en mode autostéréoscopique

c) Les séances de diffusion vidéo au SCF avec l'application "stéréopix" fonctionnent bien aussi.

d) L'application "Spatial labs go"fait même la conversion 2D-3D immédiate d'images affichées en plein écran. C'est bluffant, même si c'est imparfait...

e) Par contre, je n'ai pu afficher le flux 3D venant de ma caméra double qu'en forçant le passage au 16/9 du flux de la caméra double . Cela donne une image 3D, mais anamorphosée (mon visage est dilaté latéralement)…

Je n'ai pas testé les 2 dernières applications:

D- L'application de visioconférence 3D semble ne pas fonctionner avec ma caméra webcam à deux objectifs. Elle est peut être limitée à la camera Acer. Il faudrait demander à Acer de faire une adaptation logicielle. Il doit y avoir un problème de non correspondance de la définition caméra (2x920x1280) par rapport au plein écran demandé (1920x1080).

E- N'étant pas intéressé et ne voulant pas rentrer dans les systèmes en ligne, je n'ai pas testé les jeux en 3D avec "SpatialLabs TrueGame".

Manuel de l'écran : https://spatiallabs.acer.com/userguide/EC

Dans sa conclusion, Pierrick Ribo espérait plus de succès pour cet écran via une meilleure diffusion vers le grand public qui connaît surtout les casques de VR pour la 3D actuellement.
En effet, cet appareil témoigne d'une technologie 3D sans lunette relativement au point. Cela accompagne un léger renouveau de la 3D numérique en 2024-25, après le creux des années 2018-2024 suivant le gros boom de 2010 avec l'invention du support blu ray 3D.

L'achat de cet écran est l'occasion de comparer les différents systèmes de 3D numérique que j'ai à disposition en 2025.

1) téléviseur 3D lunettes passives

2) vidéoprojecteur 3D lunettes actives

3) Moniteur à lunettes actives du système Nvidia

4) Smartphone autostéréoscopique Rokit IO3D

5) Moniteur autostéréoscopique Acer Spatiallabs

6) écran looking glass modèle portrait

7) Casque de VR Meta Quest 3


Quels sont leurs avantages et inconvénients respectifs? Qu’est ce qui peut limiter leur diffusion ?

1) Des téléviseurs de grande taille sont accessibles. C'est le mieux pour la lecture de bluray 3D. Je leur reproche de nécessiter en général une source en hdmi anamorphosé, cote à cote ou dessus dessous. Ils ne sont plus fabriqués, mais encore disponibles, quoique de plus en plus rares sur le marché de l'occasion. Les firmes prétendent que le public refuse le port des lunettes ...

2) L'image en vidéoprojection est bien plus grande, mais la mise en œuvre plus longue, avec passage également par un logiciel pour fournir du cote à cote anamorphosé. Ces appareils sont toujours sur le marché en dlp. Des lunettes sont nécessaires et il faut de temps en temps les recharger. Ce matériel satisfait le plus les photographes issus de l'argentique et des diaporamas 3D.
Lors de projections grand public, ces systèmes sont appréciés. Mais les firmes les présentent plus comme des outils pour les conférenciers, en évoquant très rarement la possibilité de 3D.

3) Le moniteur Nvidia est le système que je trouvais le plus pratique jusqu'en 2024, mais il est limité aux images fixes .mpo avec la visionneuse Nvidia suite à l'arrêt du suivi par Nvidia/Microsoft il y a 5 ans. Les lunettes sont nécessaires, mais cela ne me gène pas, alors que l’obsolescence trop rapide des logiciels m’empêche de continuer à vanter ce système .

4) Le téléphone Rokit IO 3D est autostéréoscopique, mais nécessite un bon positionnement du spectateur qui doit trouver une position orthoscopique. Il reste aussi de petite taille. Il est dis-continué comme la plupart des smartphones avec écran ou prise de vue 3D...

5) Avec l'écran spatialLabs, pas besoin de lunettes non plus, et la taille est supérieure, mais le fonctionnement est obligatoirement en 2e écran sur un ordinateur moderne puissant; L'écran n'est que de taille moyenne (16"), mais la résolution résultante est très élevée.

Le gros défaut est la limite à un seul spectateur, mais le calcul sur modèles et le suivi des pupilles permet en bougeant la tète une vision "multiscopique" (quasi holographique) avec changement de points de vue latéralement et verticalement (par contre avec des images stéréoscopiques un seul point de vue est possible, et il ne faut bouger la tète que lentement pour que le système recalcule son rendu selon la position)

Il me manque pour l'instant un logiciel d'affichage à partir d'une image + carte de profondeur.
On ne peut qu’espérer plus de succès à ce système.

6) L'écran Looking glass est multiscopique, mais petit pour un prix raisonnable. C'est spectaculaire de pouvoir tourner autour du sujet dans un angle limité. Mais le travail est important pour faire des images fixes de la réalité avec des sujets statiques, et les images animées ne me sont possibles que depuis un modèle 3D! Bref, c’est un outil de relief remarquable, mais qui ne peut convenir pour les images de tous les jours du grand public (à moins que des smartphones pas trop coûteux ne proposent des captures image + carte de profondeur détaillée, facilement convertible logiciellement en points de vue multiples.)

7) Le système du casque Meta Quest est le plus immersif avec possibilité de 180° ou 360°! ainsi que de films et images 3D classiques (voir article dans la lettre SCF n°1073 de juin 2024 p.23 ) en contrepartie, il isole des autres! La résolution est moins bonne que celle de l'écran Acer; quelques progrès restent à faire. Mais ces casques semblent avoir trouvé un public.

En conclusion, cet écran Acer est pour moi avec le casque Meta Quest 3 un des systèmes 3D les plus agréables actuels.
Les stéréoscopistes doivent remercier les joueurs car dans les 2 cas, c'est le marché des jeux qui a incité la fabrication par les firmes (même si le marché de niche des professionnels de la 3D modélisée: ingénieurs, architectes, scientifiques naturalistes -géologues…- ou artistes professionnels de l'image est toujours présent, mais réduit. Il correspond aux modèles de la gamme SpatialLabs Acer de plus grande taille, mais plus chers. Cette firme propose en effet  divers produits autostéréoscopiques en plus de cet écran 16":
- un écran 27 pouces qui peut être acheté à 2000€ dans certaines boutiques en ligne (prix conseillé Acer 2700€ )
- des PC portables à écran autostéréoscopique 15" pour un prix allant de 2600€ à 4000€ )

Le marché des smartphones devrait pouvoir pousser la 3D, mais ce n'est pas encore le cas. Est ce du à leur petite taille et/ou au positionnement difficile pour les débutants? Je n'ai pas d'expérience importante des tablettes autostéréoscopiques qui doivent avoir un rendu proche de celui de l'écran Acer. Elles sont plus légères et autonomes, mais moins évolutives logiciellement en terme d'affichage 3D car le système Windows me semble encore dominer Android sur le marché.

En terminant ce texte, une question reste: pourquoi avec tous ces dispositifs, l'utilisation d'images en relief ne se développe t elle pas encore dans le grand public? Le problème n'est il qu'économique: matériel trop cher pour beaucoup de personnes, et pas assez rentable pour les firmes qui ne produisent que des petites séries onéreuses?

Daniel NARDIN   25 mai 2025